Les institutions de développement international sont unanimes pour affirmer que la prise en compte des savoirs autochtones joue un rôle essentiel dans le progrès économique et social dans les pays du Sud. Quelles sont cependant les conditions pour qu'un projet de développement puisse réellement entendre de tels savoirs ? Pour ce faire, cet article propose d'analyser le travail réel des acteurs locaux d'un projet de formation universitaire en gestion des ressources naturelles au Congo-Kinshasa. L'examen de leur activité révèle en effet que les savoirs autochtones ne sont pas recouverts par les savoirs hétéronomes des experts dans le travail, quand bien même on chercherait à les neutraliser par des procédures. C'est pourquoi l'enjeu consiste ici à mettre au jour ces savoirs qui interfèrent dans l'activité de travail, tout en les considérant autrement que comme des obstacles ou des freins au changement.